Station service de Rawalpindi au Pakistan. L'essence provient du raffinage du pétrole, un mélange d'hydrocarbures¹ que l'on sépare et purifie pour tirer au mieux partie de leurs propriétés respectives. Pour que l'essence raffinée coule « à la pompe », il faut commencer par extraire le pétrole « brut » de la croûte terrestre. En mer et sur terre, nous vous proposons de visiter trois champs pétrolifères : en Angola (Dalia), en Chine (Daqing) et aux Etats-Unis (Bakersfield).

Hydrocarbures¹ : molécules chimiques variées ayant en common de contenir de l'hydrogène et du carbone

Nicolas Descoqs (Conoco Phillips, Stavanger, Norvège) nous explique que le forage des puits de pétrole s'accompagne de leur équipement progressif en béton et tubes d'acier pour canaliser correctement le flux de pétrole poussé vers la surface par la pression du réservoir.

Dans le chantier naval de Haugesund (Norvège), on bâtit des paquebots, mais pas seulement. C'est aussi ici que sont construites les plateformes pétrolières. Une fois achevées, elles sont installées en mer pour accueillir hommes et équipements qui extrairont le pétrole enfermé dans la croûte océanique.

Photos de l'album "Dalia"

Logo du FPSO¹ Dalia ; installé sur le Bloc 17 exploité par Total au large des côtes angolaises (dans le golfe de Guinée), ce navire de stockage et traitement est opérationnel depuis décembre 2006 pour exploiter le champ du même nom découvert en 1997 à 135 km des côtes de Luanda, entre 1200 et 1400 mètres de profondeur. Sur le logo, 6 puits sont schématisés, ainsi que les conduites qui les relient à la barge flottante. Aujourd'hui, le navire gère 71 puits et permet de produire 240 000 barils par jour.

FPSO¹ : « Floating Production Storage Offloading » system.

Représentation du FPSO Dalia. On distingue, de droite à gauche : a. les canots d'évacuation (« sabots » oranges), b. les quartiers de vie (bloc blanc qui peut accueillir jusqu'à 190 personnes -120 en moyenne), c. l'héliport, d. les installations de traitement du pétrole extrait (en jaune), e. l'arrivée des conduites sous-marine reliées aux puits injecteurs et extracteurs (bleues, sur la coque noire), f. la torchère (éteinte) ainsi que, au large, la bouée où s'amarrent les pétroliers qui viennent prendre livraison du pétrole stocké dans les soutes du FPSO.

Vue d'hélicoptère du FPSO Dalia : la torchère est allumée car les compresseurs à gaz qui permettent de réinjecter le gaz coproduit avec le pétrole dans le réservoir n'ont été mis en route que quelques jours après notre visite.

Le « taxi ». La navette circule tous les jours, sauf en cas de trop mauvaises conditions météorologiques - nous avions, d'ailleurs, failli remettre notre visite à un autre jour pour cette raison !

Au premier plan, on distingue un pompier prêt à intervenir sur l'héliport tandis que trône en arrière plan une torchère¹, dont on peine à mesurer les dimensions (une installation d'une centaine de mètres de haut, pour une flamme d'environ 20 à 30 mètres)

Torchère¹ : Nécessaire aux dispositifs de sécurité, la torchère permet d'éviter qu'une accumulation anormale de gaz ne fasse exploser les installations - et sert aussi à brûler le « trop plein » de gaz extrait en même temps que le pétrole (les réservoir pétroliers contiennent environ 10% de gaz). Brûler ce gaz est pratique courante lorsque les marchés de consommation sont trop éloignés des lieux de production [estimation 2007 : l'équivalent de 5,5% de la consommation annuelle de gaz partirait ainsi « en fumée »!], mais la pratique évolue, poussée par la flambée des prix et la pression environnementale.

Le chef d'exploitation du FPSO, « seul maître à bord » !

Dans la salle de contrôle, ces écrans permettent le suivi en continu de toutes les opérations qui ont lieu à bord du FPSO : caméras, senseurs de pression, de température ou débits des fluides envoient un flux d'information continu aux responsables des opérations.

Cabine : le FPSO est une installation industrielle en mer. C'est aussi un bateau qui accueille près de 120 personnes en permanence, et la vie à bord tient de la vie de marin - ainsi de ces chambres à l'espace optimisé. NB : Nous n'avons pas réussi à savoir si la couverture panthère faisait partie du « package » ou était le fait de ses locataires !

Hugues Foucault, ingénieur réservoir, est chargé de suivre l'évolution du gisement pétrolier en s'appuyant sur les mesures physiques faites en surface : modéliser un monde souterrain grâce à des données « en surface » et prévoir son évolution est toute la difficulté de son travail. Il est aussi notre guide pour la journée.

Les mesures de sécurité sur le FPSO sont extrêmement sévères : la présence de composés volatiles inflammables rend ces précautions indispensables. Les pétroliers ont en tête l'accident de la plateforme Piper-Alpha (en mer du Nord) en 1988 qui fit plus de 160 morts à la suite d'une fuite de gaz.

Le FPSO, véritable usine flottante, accueille près de 120 000 tonnes d'équipement à son bord.

Le pétrole extrait du réservoir contient du gaz et des impuretés (eau, soufre, dioxyde de carbone...) qu'il faut lui enlever pour trouver preneur sur le marché international de brut. Dalia est envahi de tubes jaunes qui acheminent les mélanges bruts ou leurs constituants après les différentes étapes de séparation : un étiquetage précis et un code de couleur permet de les identifier.

Visite de l'usine embarquée.

Visite de l'usine embarquée.

Le FPSO ressemble davantage à une grosse barge qu'à une plateforme, on se croirait sur un bateau.

Canots d'évacuation : totalement hermétiques, ils quittent le FPSO en quelques secondes, plongent sous l'eau avant de remonter en surface quelques mètres plus loin. En cas d'incident majeur, la rapidité est une question de survie.